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Fable climatique- Natacha (atelier en ligne)

 

Quand j'étais eau docile, à l'enfance du monde,

Humble et vierge étendue, grand silence dormant,

L'azur en son extase me susurrait d'en haut: «Miroir, mon beau miroir...»

Vint le temps où la Vie en mon sein prospéra

Quoi ? Me dis-je bientôt, piquée de vanité

Je suis l'Eau, la puissante

La mère universelle

Giron de l'infini des formes du vivant

Et me voilà couchée bien au-dessous du ciel

Reflet docile et niais de l'uniforme azur

Offrant au grand bêta de quoi se vénérer ?

C'est indigne de moi...

Réfléchir le ciel bleu : Vraiment, la belle affaire !

Réinventer le ciel, voilà le grand exploit !

Dès lors rien ne me détourna de mon oeuvre grandiose

Puisant au Un céleste l'infini des possibles

Je créai plus de bleus que n'en sauriez compter

Sur mes mers, mes rivières et mes lacs de montagne

De l'atmosphère unie bêtement fonctionnelle

Dépoussiérai l'azur par mille fantaisies,

Par mille échos dansant sur mon corps chatoyant

Et toi, humanité conquise, face à moi interdite,

Ne lèves plus les yeux vers le grand délaissé

Que pour les reposer de tant de majesté

Quant au rival d'en haut qui tant se rengorgeait en son miroir liquide ?

Humilié, il envoie aux humains infidèles

Tempêtes, ouragans, et autres cataclysmes

« Si vous ne m'aimez plus, craignez moi », gronde t-il !

Et dans sa rage folle, fait de mes flots puissants son instrument de mort,

Retournant contre moi le cœur de mes enfants

Orgueil et jalousie, Ah ! Le couple fatal !

Infortunés humains, qui poussés par l'hubris,

Pavanez nez au vent, sans voir le précipice

De ce choc des titans retenez la morale !

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