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Tuer le temps- Brigitte (vendredi)

Lui : Avance, lui dit-il. On perd du temps

Elle : Pourquoi, lui répond-elle, tu es pressé ?

Lui : Non, mais le temps est court, le sais tu ? Et toi, tu prends du temps, tu lambines, tu t’arrêtes même

Elle : Je ne vais quand même pas prendre les jambes à mon cou

Lui : Et bien, pourquoi pas, tu avancerais peut être plus vite !

Elle : Tu veux dire quoi au juste ? Que mes jambes sont trop lourdes

Lui : Non, mais je vois bien que tu traînes les pieds

Elle : Et bien oui, je prends le temps de vivre moi, d’apprécier la nature, le doux parfum des fleurs, le chant des oiseaux….

Lui : Ah bon, et ils te disent quoi ?

Elle : Que j’ai raison d’apprécier le temps qui passe

Lui : Je n’ai jamais vu le temps prendre le temps de passer. Pour moi, c’est plutôt un T.G.V., un Temps Grande Vitesse

Elle : Sans doute que toi, tu as pris les grandes lignes de la vie pour avancer plus vite et que moi, j’ai pris un train qui s’arrêtait à toutes les gares, un T.P.V, un Temps Petite Vitesse.

Lui : Je crois que tous les deux, on n’est plus sur le même fuseau horaire

Elle : Et oui, nous avons mis du temps à le découvrir

Lui : Peut être est-il temps d’y mettre un terme

Elle : Qu’entends tu par là ?

Lui : Et bien, le temps nous divise. Il faut en finir. Je vais le tuer. Il est temps.

Elle : Comment peux-tu tuer le temps ? Le temps n’a pas de corps.

Lui : s’il n’a pas de corps, pourquoi a-t-il tant de prise sur nous ?

Elle : Parce que l’esprit du temps est plus fort que tout

Lui : Tu me rends fou avec ton esprit. Je trouverai bien l’arme qu’il faut pour tuer ce temps.

Elle : Ah oui, tu vas lui faire rendre l’âme comment ? Avec ton esprit sans doute ?

Lui : Laisse-moi réfléchir. Si le temps est, alors il peut avoir été. Donc, il peut disparaître. Il suffit peut être de nier le temps pour qu’il n’existe plus. S’il n’y a plus de temps, alors on ne vieillit plus, on peut faire plein de choses sans se préoccuper du temps que cela prend.
Mince alors, encore ce temps qui réapparaît.

Le temps est bien trop ancien pour disparaître ainsi. L’ancien temps, les temps anciens, ces gardiens du temps. Nous sommes envahis par ce temps.

Réfléchissons : Le faire disparaître sans qu’il s’en aperçoive.

Je vais le piéger ; oui, c’est cela. Je vais lui faire croire que je n’ai rien à faire. Il me laisse tranquille et là…j’attaque. Je m’occupe pour tuer ce temps qui passe. Comme cela, je serai le maître du temps qui passe.

Qu’en penses-tu ?

Elle : Et bien, je ne sais pas si tu arriveras à lui faire passer l’arme à gauche ainsi.
Tu as quand même la dent dure avec le temps

Lui :  Ou alors, on peut très bien tuer le temps de temps en temps quand on n’a pas besoin de lui et le faire revivre quand c’est nécessaire. Comme cela, ce sera moins cruel. On décide quand on veut ou peut le tuer temporairement. Il n’existe plus puis hop,  voilà qu’on ouvre la boîte du temps et tout se remet en route.

Ce qu’il faut, c’est garder avec nous cette boîte. On aura chacun la nôtre. On rangera nos boîtes dans notre couloir.
Ce sera NOTRE couloir du temps.

Elle : Je ne sais pas quoi répondre, vraiment. Je suis abasourdie par tant de complications.
On peut tuer le temps sans le tuer. Il suffit de le nier en tant que temps et il disparaîtra de notre esprit.

 

Lui : Si tu crois qu’en le niant ainsi, il disparaîtra, moi, je ne le crois pas.
Il faut le dominer par notre force.
                                              Nous devons être les Maîtres du temps.

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Commentaires: 1
  • #1

    ANNIK (lundi, 20 janvier 2020 18:18)

    J'ai eu l'impression en lisant ce texte, qu'il était possible de dompter le temps… Merci pour ce moment de rêve !