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Une maison au soleil- Jean-Pierre

 

C’est une grande et belle bâtisse en pierres apparentes, avec sur le côté des arcades supportant une terrasse. Un grand espace devant la maison, avec une pelouse verte et deux oliviers. Par-dessus un beau ciel bleu. Tout cela respire le midi, sans doute le printemps, pour que la pelouse soit aussi verte.

Sur la pelouse un vieux bonhomme s’active, chapeau de paille, tablier, sabots, sécateur. Que fait-il au juste ? Il taille les rosiers plantés le long du mur du fond et pas encore fleuris.

Sous les arcades surgit un chien. Il hume l’air, descend vers la pelouse, puis file derrière la maison. Survient une femme, plus très jeune, un peu claudicante, avec une grande jupe noire, un corsage sombre et des cheveux blancs. Elle porte un arrosoir, vient le remplir à un robinet près de la porte, puis déverse un peu d’eau dans chacune des jarres, sous les arcades. Ces jarres sont plantées de géraniums et de plantes grasses, qui vont démarrer leur croissance, en ce début du printemps.

Enfin apparaît un gamin, dix douze ans, culotte courte, avec lui aussi un arrosoir. Il assiste la grand-mère dans son travail de jardinage.

L’air est encore frais, mais il fait un temps superbe.

Le chien reparaît. Le gamin pose son arrosoir, saisit un bout de bois, le brandit, puis le lance. Le chien aboie, tente d’attraper le bâton au vol, puis court après, le ramasse et le rapporte. Petit jeu : le chien rapporte le bâton, mais ne veut pas le lâcher. Le gamin tire sur le bâton pour le relancer. « Voyons, Dikou, laisse le bâton, donne le bâton ». « Grr, grr » répond Dikou en essayant de se dérober. « Dikou, le bâton ». « Grr, grr ». À la fin le bâton repasse dans la main du gamin. Il est brandi bien haut. Dikou tourne et bondit tout autour en jappant. Puis le bâton repart sur la pelouse, Dikou court après et le rapporte. Ce petit jeu se répète plusieurs fois.

Le vieux bonhomme s’est rapproché de la maison et regarde les jeux du chien et du gamin. La femme s’est approchée de lui. Ils échangent un regard et sourient. « Le petit commence à s’habituer. Il a bien meilleure mine que quand il a débarqué. Le bon air et une vie naturelle ne peuvent que lui réussir ».

« C’est bien joli tout ça, Papy, mais il faut que tu ailles chercher le pain pour ce midi. Moi je dois retourner à la cuisine. Emmène donc le petit avec toi. Sinon après avoir joué avec le chien, il va retourner à son téléphone ou à sa tablette ».

« Allez, viens Thomas. On va chercher le pain.

– Mais Papy, tu n’as pas besoin de moi.

– Mais si, Thomas. Tu sais bien qu’avec ma canne, j’ai du mal à porter le sac. Et puis le boulanger a dû refaire des gâteaux. Tu pourras choisir ».

Sur la terrasse apparaît une chatte tricolore, qui se frotte contre les jambes de la veille dame. « Oh toi, Minette, tu n’es pas bonne à grand-chose. Sans doute pour les souris, il n’y en a plus. Mais sinon à te faire caresser, et à voler tous les morceaux de viande qui passent ». La vieille dame se penche et caresse le chat qui ronronne, et continue à se frotter. « Tiens, Minette, un bout de viande qui reste d’hier, et des croquettes. »

La chatte hume rapidement les croquettes, puis mange la viande. Elle fait ensuite demi-tour, et agite successivement ses quatre pattes dans la direction des croquettes, dans un geste qui évoque ses crottes qu’elle enterre, témoignant de son dégoût. Elle s’éloigne ensuite avec beaucoup de dignité, pendant que sa maîtresse retourne vers son fourneau et vers le faitout d’où s’échappe une délicieuse odeur de bonne cuisine aux herbes du soleil.

 

Sur tout cela brille un beau soleil de printemps, mais du petit garçon irradie un grand rayon de soleil vers le cœur de papy et de mamie. Tout le bonheur d’une famille.

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