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Le voyage - Annie (vendredi)

« On pourrait partir en week-end ? »

J’attends une réaction, une envie, un désir, de l’enthousiasme, désir d’une folie minuscule, j’attends…  Reproche d’avoir prononcé mots si communs, si naturels, si farfelus, mots qui rendent tristes, en ressasser la non-réponse, et finalement le « si tu veux » sans envie, entre deux portes.

Il y a du masochisme dans cette demande incongrue qui n’est plus de saison. Le voyage est dans l’envie du voyage, sinon il n’existe plus quand bien même il aurait finalement lieu.

Je ressasse, je ressasse, un temps inexorable…

Sonnerie du téléphone, je réponds. Une amie :

 

« J’ai pensé qu’on pourrait aller à Vienne, il y a des offres, on en avait parlé, ne me dis pas non » 

« Oui. Quand ? Combien quand même ? Dans quinze jours, oui. Cinq jours, non c’est pas trop. Réserve. Oui j’en ai envie, j’en ai très envie".

 

Enfin je ne ressasse plus, je rêve, heureuse de l’annoncer, à l’autre d’être triste, je l’espère à peine, je suis déjà ailleurs.

A Paris, j’irai dormir chez cette amie précieuse, je la presserai peut-être au matin... Tout sera aimable, la voix des hôtesses, le café au goût inimitable des départs, les annonces, nos discussions, cet enivrement à poser le pied dans l’avion quand on sait que revenir en arrière est devenu impossible.

L’instant du décollage est un bonheur suprême.     

 

On dira du voyage qu’il est une découverte,
on ne dit pas assez qu’il est oubli de tout.

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Commentaires: 1
  • #1

    Michèle Lorin (lundi) (dimanche, 07 avril 2019 17:24)

    Entièrement d'accord : le voyage est l'oubli de tout ! C'est pour ça qu'on l'aime !